Novembre, je tremble

C’est la saison où le rythme est un peu moins élevé et du coup, ça laisse du temps pour réfléchir. Et là, je me demande si c’est une si bonne idée que ça, de réfléchir… parce que je viens de me rendre compte que j’ai fait n’importe quoi, et je pense même avoir bousillé une partie de ma saison future! Je m’explique.

Alors que tout allait pour le mieux, suite à une saison riche et une récolte très appréciable, j’ai voulu passer une vitesse; je pense déjà aux framboisiers qui vont remplacer la haie de laurier qui bouffe de l’eau et ne sert _presque_ à rien (c’est quand même une protection contre le mistral, donc, faut pas déconner, ça sert pas complètement à rien), je rêve de remplacer la haie coté rue par une haie nourricière, agrandir un peu mon minuscule potager en utilisant les allées et continuer d’enrichir mon terrain avec mon paillage maison. Super idée… bah non! complètement à la ramasse, j’ai déconné. Je viens de m’en rendre compte, et là, je tremble en pensant à la saison qui arrive dans tout juste quelques semaines.

En fait, au moment de planter mes ails, échalotes, engrais verts qui avaient plus ou moins bien vécus l’hiver dernier, je viens de m’apercevoir de mon erreur: trop de paillage, tue le paillage et surtout, j’ai fait un joli nid à limaces, je ne protège finalement pas mon sol des pluies assez violentes dans la région et qui vont certainement emporter tous les nutriments que je pensais “fabriquer” avec mon couvre sol de branchages, feuillages etc…

Quelle connerie. Après plusieurs semaines, parfois même des mois, où j’ai cru enrichir le terrain avec mon “paillage” et apportant du végétal à un sol vraiment pauvre, j’ai juste oublié que pour planter des graines, j’avais besoin de terre et pas d’un amas de branches, cartons, feuilles etc… et que quelques semaines ou mois, ne suffisent pas à décomposer mes branches.

Encore plus drôle, j’ai démarré un compostage de surface sur une zone qui ne peut pas se nourrir des déchets verts, puisqu’il n’y a quasiment pas de vie. Que des petits cailloux… N’importe quoi! Et comme ça ne suffisait pas, j’ai fait ça sur toutes mes zones de culture, les plus petites soient elles, comme les plates bandes le long des murs, ou bien au pied des haies du jardin.

Bref j’ai bien reçu mes graines, mes caïeux à planter, mais j’ai aucun endroit où les mettre… c’est con ça. A moins de flinguer tout mon petit réseau de vie que j’ai créé en quelques mois et retirant mes branchages et amas de feuilles.

Donc le dilemme est de choisir entre bousiller ce qui a été fait pour utiliser la terre en dessous et planter mes graines ou bien sacrifier les plantations pour laisser faire et on verra bien au printemps si tout mon paillage apporte quelque chose au jardin. Je me rends compte à présent que mon erreur vient du fait que j’ai l’impression d’avoir appris, et de savoir mieux faire maintenant qu’il y a trois ans, quand j’ai démarré. A l’époque j’ai beaucoup creuser pour essayer de remuer cette terre hyper compacte, et pas mal caillouteuse. J’ai ajouter beaucoup de sac de terreau, parfois de bonne qualité, parfois à vraiment pas cher. Mais j’ai fait beaucoup d’apports extérieur. Depuis, j’ai changé un peu de “jeu” et j’ai durci les règles. Pas d’entrants, comme c’est la mode et que ça parait plutôt sain comme raisonnement… sauf que c’est pas un jardin que j’ai récupéré mais juste un espace plein de … je sais même pas comment appeler ça! Sans compter les quelques énormes racines qui alimentaient un acacia d’une quinzaine de mètres et les haies qui ne veulent qu’une chose, absorber un maximum d’eau de mon pauvre sol! Donc supprimer les entrants ça parait bien compliquer sans travailler le sol. Et c’est là mon énorme erreur.

J’ai démarré en voulant mettre deux tomates, facile, un carré en bois, on creuse un peu et on complète avec du terreau du commerce. ça a plutôt bien fonctionné, et je pense que j’ai eu un coup de bol en fait, en me plaçant sur une zone “correcte”. Mais ensuite, c’est la folie des grandeurs. J’ai eu envie d’en mettre plus. et petit à petit, j’ai utilisé toute la zone, mais sans préparer le sol. D’ailleurs, si je me souviens bien, au départ, j’avais tout fait dans des pots, posés dans le jardin… rien que ça, c’est bizarre?? Qui met des pots dans son jardin pour faire des plantations?? et si j’ai découvert hier que j’avais merdouillé pour la gestion de mon terrain, je découvre aujourd’hui, que j’ai enchainé les conneries. Et au final, mon paillage est ridicule… Mais surtout, il va falloir prendre une décision: refaire le terrain et perdre ces mois à enrichir la “terre” pour en faire une terre de meilleur qualité en repartant à zéro (je retourne tout le coin, je vire la terre et ses cailloux et je fait rentrer de la terre végétale pour remplacer ce que j’aurai décaissé ou bien je rajoute de la terre par dessus mon amas de branche, je plante mes graines là dedans et on verra bien ce que ça donne…

Alors cette décision n’est pas si évidente, parce que il ne faut pas oublier que je n’ai pas de plan B. J’ai aucune autre zone de culture qui m’assurerait un minimum de récolte si je foire. C’est pas sur ma terrasse que je vais pouvoir faire des miracle (d’une part les pots, même gros, résistent mal à la chaleur de l’été et d’autre part, les “zones de terre” sont tout juste des bandes de 30cm de large le long du mur ou de la haie. Et je parle pas de la réserve naturelle de limaces et escargots que constitue la terrasse).
Et le deuxième point, c’est évidemment l’orgueil. Si je redémarre, bah ça va de soit, je repars à zéro et j’accepte que tout ce que j’ai fait jusqu’à présent est perdu. Si je lutte, je risque d’avoir un terrain qui s’enrichit et je peux me vanter d’avoir un super fait un super travail, sans travail de la terre, mais je peux très bien avoir un terrain qui ne produit rien de correct pendant des années… et pis il faut se débarrasser de tous ce décaissement, mine de rien. Là, je fais comme les mômes, je ne les vois pas, y’en a pas 🙂 Il va falloir que je prenne le temps de la réflexion. Quel interêt de ne pas travailler la terre? oui, c’est çà la mode, et le faire tous les ans, c’est mal, ça abime la vie du sol qui petit à petit disparait et doit être remplacée par des produits chimiques et des engrais. Mais de là à ne jamais travailler une terre hyper dure et tout caillouteuse… ça veut plus rien dire! et je pense que c’est cette étape que j’ai oubliée avec le temps, préparer le sol!